La maison est vendue et le jour de la signature est prévu
pour fin novembre 2009, je suis très content car j’ai fait des pieds et des
mains pour que mon nouveau bébé ne soit pas vendu. Pourtant il reste un point
très important pour qui sans cela mon projet s’arrête, je n’ai toujours pas de
place de port. Je n’arrive plus à dormir et dès que je suis en week-end, je
pars directement sur Dunkerque voir la capitainerie car après avoir réfléchi,
je n’ai pas vraiment de bonnes correspondances pour aller à mon travail à
partir d’Ostende. Sur Dunkerque, il y a le TGV qui me met seulement à 30
minutes de Lille et les horaires correspondent comme par miracle à ceux de mon
travail. Annick m’explique que je peux obtenir une place au mois mais pour cela
il faudra que je bouge de temps en temps au fur et à mesure que les bateaux
reviennent mais le prix est assez élevé, il faut compter au moins le double par
rapport à un contrat annuel. Une idée me vient à l’esprit, je vais aller voir
M. CHARLET afin de pouvoir négocier en même temps que l’achat, la possibilité
d’avoir une place de port dans le bassin de la marine car je sais qu’il en a
une qui lui sert pour préparer ses bateaux avant la livraison. Je lui explique
que nous arrivons sur l’hiver et qu’à cette saison les bateaux se vendent
peut-être moins, n’aurait il pas durant ce temps besoin de sa place, je
pourrais la lui louer ou encore mieux l’avoir en geste commercial.
A ma grande surprise il accepte volontiers de me laisser la
place gratuitement au bassin de la marine tant qu’il n’en aura pas besoin. Je
saute de joie et ne sait comment le remercier, il me répond du grand sourire
qu’il n’a jamais vu de sa vie quelqu’un d’aussi acharné que moi, il n’en
revenait pas lui-même de m’entendre parler de la mer et de mes désirs de grands
voyages et surtout que je puisse être tombé aussi amoureux de se bateau et
qu’il c’était rendu compte que je ne me suis jamais découragé dans mon nouveau
projet de vie. Le grand départ pour ma
nouvelle vie approche, il faut que je fasse une nouvelle fois mes cartons ce
qui fait de nouveau peur à Patty qui me suit vraiment partout, elle pleure de
temps en temps en bas de l’escalier pendant que je suis occupé à démonter garde
robe et lit. Je ne lui avais jamais permis de monter dans les chambres car il y
avait un nouveau plancher dans chacune des quatre, les deux salles de bains
étant quand à elles carrelées, il fallait que je l’en empêche pour éviter
d’abimer le plancher qui était neuf, se n’est pas parce qu’elle était vendue
que j’avais le droit maintenant de faire n’importe quoi.
Je remercie Nicolas qui comme à chaque fois est venu m’aider
à déménager mes meubles, il faut dire qu’il en avait l’habitude car cela ne
fera que la troisième fois en moins d’un an que l’on fera le même chemin de la
maison à l’immeuble d’appartement ou ma mère habite sauf que cette fois ci, les
meubles n’iront pas dans un appartement mais dans le garage qui se trouve en
souterrain, il faut bien les stocker en attendant de les vendre ou pour
certains les donner quelques années plus tard. Il faut aussi que je m’organise
car je dois bien réfléchir à ceux que je vais prendre dans le voilier celui-ci
étant plus petit qu’un appartement, je ne vais prendre pour l’instant que mes
vêtements et tout ce qui est fonctionnel niveau cuisine pour vivre à bord.
Surtout je ne dois pas m’encombrer de choses inutiles, de toute façon je ne
pourrais pas tout stocker. Eviter de prendre des décorations à poser sur les
étagères du carré car un bateau n’est pas fixe comme une maison, ainsi le vent
et le passage d’autres navires, la houle fait qu’il est constamment en
mouvement et les choses risquent de tomber.
C’est le dernier week-end à la maison nous sommes le 8
novembre 2009. Monsieur CHARLET me téléphone, il me dit que l’antifouling de la
coque vient d’être terminé, en cette saison la est température est basse, ça
l’oblige à le couvrir en cas d’intempérie, il préfère le laisser sécher durant
deux jours ainsi sa mise à l’eau sera prévue le 12 novembre dans l’après-midi.
J’ai prévu afin d’avoir un grand week-end de prendre trois jours d’ancienneté
afin de rester du jeudi soir au lundi soir à bord ce qui va me permettre de
poser tranquillement mes affaires mais surtout d’être avec Patty pour qu’elle
ne prenne pas peur dans ce nouvel environnement qu’elle ne connait pas encore,
tout comme moi d’ailleurs. Le jeudi sera consacré à charger mes affaires dans
la voiture et porter ce que je ne peux emporter dans le garage chez ma mère. Le
grand départ est arrivé, j’installe Patty à l’avant près de moi car la voiture
est bien chargée, je vérifie que l’eau et l’électricité sont bien coupés, que
toutes les portes sont bien fermées, un dernier coup d’œil dans le jardin et
les pièces que je ne verrais plus. Je n’ai pas de regret en fermant la porte de
la maison, je regarde seulement devant moi en démarrant la voiture qui m’emmène
avec Patty vers notre nouvelle vie. Il n’est pas tard mais le soir tombe déjà
car en ce mois de novembre les journées sont courtes, j’arrive comme convenu au
port du grand large, je descends de la voiture avec Patty, le voilier est en
attente au bassin de l’Y.C.M.N prêt à être livré, les derniers contrôles ont
étés effectués et maintenant il prend sa route vers les pontons du grand large
en traversant lentement le chenal, il est majestueux coloré par ses feux de
navigations en service. Maintenant il se positionne lentement contre le long
ponton, je le regarde sans bouger. M. CHARLET se dirige vers la porte pour
m’ouvrir l’accès aux pontons, je descends avec Patty que je tiens en laisse
vers ce qui va être notre maison durant j’espère longtemps. Je commence à faire
la visite afin de voir comment marche le tableau de contrôle électrique, c’est
très important, il contrôle tout les différents éléments tel que d’avoir la
lumière, l’eau car la pression est contrôlé par un système de soupape
électrique ainsi que le groupe froid et la vidange pour la douche. Il permet
également de voir en un instant la puissance des deux batteries en place, une
pour le moteur et une pour la servitude ainsi que le niveau des deux cuves
d’eau douce.
Un oubli important il a oublié de me fournir avec le voilier
une rallonge afin de pouvoir brancher le bateau pour qu’il ne soit pas
uniquement sous batterie. Pour me dépanner il m’en apporte une de son chantier
en prêt afin de palier au problème pour cette nuit, demain il va m’en préparer
une neuve et de bonne longueur et me l’amener. Au bout de deux heures je reste
seul avec Patty, il est temps que je décharge ma voiture et que j’embarque mes
cartons sur le voilier. Je commence le déchargement avec une des charrettes
misent à disposition des plaisanciers aidé par ma fidèle Patty, on commence à
faire des allées venues avec les cartons que l’on dépose sur le pont. Je
préfère tout déposer afin de terminer au plus vite le déchargement car la
distance est assez longue et je n’ai pas envie de me faire remarquer en faisant
trop de bruit, certains bateaux sont éclairés de l’intérieur ce qui veut dire
qu’il y a présence à bord. Une fois que tout est posé je dépose la charrette et
je retourne vers le bateau, je monte Patty sur le pont et je monte aussi.
Voilà maintenant il faut que j’arrive à tout rentrer les
cartons à l’intérieur avant qu’il ne soit trop tard, on ne sait jamais le temps
est parfois changeant avec la marée et la pluie pourrait peut-être faire son
apparition. Avant tout je donne à manger à Patty, elle a faim et comme ça elle
sera tranquille parce qu’après elle va toujours sur son panier. Tout de suite
je lui trouve une place, elle mangera dans le carré à l’endroit où la
télévision sera installée dans le futur. Son tapis pour dormir sera posé dans
la cabine avant afin qu’elle puisse être tranquille et avoir de l’aise. Du fait
que les voiles se trouvent sur le lit de la cabine avant, je prends la décision
de tout laisser comme çà et j’irai dormir dans la cabine arrière.
Mes affaires sont rentrées, il faut que je me prépare à
manger. Je prépare ma casserole et poêle mais comble de moi, je n’arrive pas à
mettre en marche les bruleurs de la gazinière. Je vais vers l’arrière du bateau
et j’ouvre la porte où se situe la petite bouteille de gaz. Elle est ouverte et
pleine donc le problème doit venir d’une vanne non ouverte. Je cherche partout
en suivant la conduite de gaz qui arrive à la cuisine et je vais même dans la
petite garde robe de la cabine arrière si le robinet se trouve la mais rien. Je
cherche en faisant basculer le groupe de cuisson pour voir si un robinet ne se
trouve derrière, rien. Bon je verrais ça demain matin avec M. CHARLET car il
est tard, alors du coup je mange un bout de pain qui me restait avec du fromage,
comme repas de crémaillère on a déjà fait mieux mais bon. Patty elle comme à
son habitude me regarde avec ses grands yeux pleins d’amour, je devine
évidement que cet amour soudain n’est pas pour moi mais plutôt pour le bout de
pain que je tiens dans la main. Je me dis après tout elle le mérite et je lui
donne volontiers la moitié du pain avec un peu de fromage, ça sera notre façon
à nous de nous souhaiter mutuellement la bienvenue dans notre nouvelle
habitation. Après ce repas digne d’un roi, je reste à contempler à travers les
hublots les lumières du port et des bateaux de transport, le faisceau du phare
tourne inlassablement afin de signaler aux bateaux la présence de la terre.
Je vois deux bateaux de pêche entrer et se diriger vers moi,
après leur passage, des vagues de 50 cm crées par leurs mouvements arrivent et
d’un seul coup le bateau se met à se balancer de gauche à droite ce qui fait
sursauter Patty qui me regarde de ses grands yeux. Je me tiens pour ne pas
glisser et tomber, pourtant ce n’est pas possible mais venant du monde terrien,
c’est une réaction naturelle. Fatigué après une longue journée, je vais
m’allonger mais n’arrive pas à m’endormir de suite, pleins de choses me passent
dans la tête, j’ai aussi hâte que le jour se lève afin de tout ranger et de
commencer à découvrir ce nouveau monde qui m’était inconnu et dont je mettais
les pieds pour la première fois. La nuit fut courte, je n’ai pas très bien
dormi, plusieurs fois des bateaux pilotes se sont déplacés afin d’aller aider
les gros bateaux à rentrer au port, à chaque passage le bateau se mettait à se
balancer. Je me pose des questions du genre est-ce que c’est toujours comme
ça ? Si c’est le cas, il va falloir peut être beaucoup de temps pour que
je m’habitue à ce tangage, heureusement je pris cela avec une bonne dose de
philosophie et de toute façon je ne pouvais plus revenir en arrière mon choix
était fait.