samedi 24 juin 2017

Les essais programmés



31 mai 2017, voici enfin les premiers essais en mer.
Nous sommes deux bateaux, Tysam et Eldorado.
Tout les deux nous faisons des essais de pilotes automatiques. Afin d'être sûr de nos test, nous prévoyons une distance assez longue pour que nos pilotes fonctionnent plus de huit heures d'affilées.
Notre escale du jour sera donc Boulogne sur Mer avec évidemment passage des deux caps, Blanc-Nez et Gris-Nez.
Nous voici donc dans l'écluse Trystram parés pour la sassée. Tysam se trouve derrière moi.


Et nous voici donc déjà en mer, Tysam face à moi est à la grand voile et moteur. Ayant choisi un angle de vent et une route un peu différente, je suis déjà sous génois et grand voile. Je vais tirer quelques bords supplémentaires mais c'est agréable de ne pas entendre ce moteur et de plus c'est moins polluant.




Tysam a maintenant pris le même cap, le voici donc également entièrement sous voiles. Le vent n'est pas très fort mais nous permet d'avancer confortablement. C'est ça aussi la plaisance, pas besoin de battre des records de vitesse pour se faire plaisir, et puis nous ne sommes pas là pour ça. Nous nous consultons de temps en temps à la VHF afin de savoir comment se comporte nos pilotes, pour l'instant tout va bien.
Nous sommes déjà en face du port de Calais avec son trafic trans-manche qui comme à l'accoutumé est intense, dès qu'un ferry sort du port comme sur la photo, un autre quelques minutes après y rentre.


De plus pour légèrement compliquer le passage il y a également des travaux d'agrandissement du port, de ce fait nous avons droit à des passages de vedettes allant sur les bateaux qui travaillent légèrement au large. Que font-ils ? Je ne peut malheureusement pas y répondre.

Nous laissons Calais derrière et passons le cap Blanc-nez, superbe vue de voir le cap se laisser caresser par les nuages. Mais de nuages, la vue face au bateau est très différente.



Tysam qui a pris un peu d'avance mais reste malgré tout près de moi va bientôt rentrer dans une brume qui se déplace vers nous, comme quoi la mer du nord peut-être vite changeante.
La chance est avec nous, ce n'était qu'une illusion d'optique et en fait de brume ce sont des nuages très bas qui se déplacent.




La vue de Fort Mahon est un peu lugubre mais reste toujours intéressant de voir différemment cette ancienne fortification qui défendait nos côtes.
Nous voyons au loin le port de Boulogne, enfin de ce que l'on peut voir car la brume persiste mais comme si c'était pour nous souhaiter la bienvenue, le ciel c'est un peu ouvert dans le port.


Ici la photo du traceur qui marque le passage dans l'entrée du chenal du port. Le bateau sur l'écran matérialise le mien, en dessous de celui-ci la ligne en pointillés  marque la trace du passage. Après les formalités d'usages, nous passerons la fin d'après-midi à échanger nos remarques concernant les pilotes. Moi j'ai eue l'écoute du chariot de grand voile qui c'est rompu lors d'un petit empannage à la sortie du cap Gris-Nez, la casse étant causé par l'usure prononcée de celle-ci, j'ai immédiatement changé les deux écoutes du chariot à l'arrivée. Concernant mon pilote, il y avait un écart de 20 degrés tout au long de la traversée.


01 juin, le ciel c'est ouvert. Nous allons savourer notre retour. Tysam à peine sorti du port sort sa grand voile, moi je l'avait fait un peu avant. Mon pilote fait des siennes, en fait je n'avais pas vraiment compris au départ mais le calculateur était en train de faire ces paramétrages par rapport aux données envoyés et reçus via le satellite. il a fait un 360 degrés puis c'est mis à faire partir le bateau de gauche à droite comme si il était saoul. Au bout de quelques minutes la position en degrés était pile avec le compas du bateau et du traceur de cartes.

Le soleil brille, je suis heureux. Comme il n'y a pas beaucoup de monde, hop, me voilà de suite en tenue d'Adam. Je n'avais pas vu que la gendarmerie maritime se trouvait à quelques miles de nous. Je ne sais pas s'ils ont aimés la vue mais en tout cas, ils ne sont pas venus vers nous.
Passage des deux caps ainsi que Calais fait, nous approchons de Gravelines lorsque j'aperçois une petite boule noire. En fait de boule, c'est une petite tête noire qui m'est familière. Un phoque étant en train de pêcher, est venu par curiosité voir cette drôle d'embarcation qui se dirigeait droit vers lui. Pas évident à voir mais la tête du phoque se trouve sous la pointe de la flèche.
Curieux mais le sachant craintif, je me cache derrière la capote de roof  afin qu'il ne me voit pas. Je prépare mon téléphone portable pour tirer la photo. Essayant de l'avoir sous un bon angle, j'attend et lui s'approche du bateau.
Il m'aperçoit, sa vitesse est fulgurante, en tout cas plus rapide que le focus de l'appareil. Il plonge et je n'ai que son dos. Mais je suis heureux d'avoir fait cette belle rencontre.
Puis arrive nos amers habituels, de l'autre côté du bord on aperçoit la centrale nucléaire de Gravelines et ses six réacteurs.


Un nouvel amer depuis maintenant deux ans, le nouveau terminal méthanier avec ses trois cuves gigantesques qui se trouvent juste à gauche de l'entrée du port ouest de Dunkerque.





Il est 22h15, nous sommes rentrés dans le port et nous devons attendre dans le chenal la sassée de l'écluse, un cargo s'y trouve et il quitte le port.


Curieuse image de voir que dans le chenal, le jour tombe et dans l'écluse où nous sommes amarrés il fait encore jour alors qu'il est 22h30.
Les portes de l'écluses ne se ferment pas, la raison, un vraquier va profiter de notre sassée pour entrer dans le port intérieur. On nous intime l'ordre d'avancer le plus loin possible et de nous mettre à couple pour laisser le maximum de place au cargo qui s'approche de l'écluse. Si vous faites attention, il est signalé par les deux phares blanc presque au centre de la photo.



Bon maintenant, vous le voyez ?
Nous ben nous sommes à couple comme prévu.
Il continu à avancer et se trouvera à moins de 10 mètres de nous. Il est 23h, après la sassée, nous serons amarrés dans notre bassin vers 23h45. Comme il restait un peu de punch antillais, eh bien on fête notre arrivée et nos satisfactions

04 juin, petite escapade chez la soeur de Claudine, Josiane qui habite le très joli petit village de Sainte Reine de Bretagne. Elle nous a fait visiter durant notre court séjour les salines à Guérande qui se trouve à moins de 25 kilomètres. Evidemment, nous sommes également allés nous promener à la Trinité sur Mer, l'occasion était trop bonne et nous avons eue la chance de voir rentrer un des quatre maxi trimaran qui allait concourir à la régate "The Bridge", course qui consiste à relier Saint-Nazaire à New-York contre le paquebot Queen Mary 2.



Bienvenue au coeur des marais ? Oh oui, le sel c'est bon surtout celui de Guérande. Alors profitons-en pour admirer les salines et comprendre avec l'aide d'une guide très sympathique (car à la fin de la visite, elle nous donnera un caramel au beurre salé, de Guérande bien sûr)
Ici un stock de sel brun (dût à la couleur que lui donne l'argile) prêt à être ensaché.


Dans les bacs se trouve le nectar, la fleur de sel. On comprend pourquoi il est si cher, l'employé sur la photo nous explique qu'il est en train de le trier afin d'enlever les petites algues restante ainsi que les moustiques qui seraient restés emprisonnés lors du ramassage et qui évidemment sont mort dans la fleur de sel. Ce sel est d'une blancheur et d'une pureté exceptionnelle.

Ici la saline qui se trouvait derrière l'employé, les petits tas blanc sont du sel gris raclés certains jours. En premier plan dans le coin se trouve la fleur de sel qui elle est ramassée délicatement tous les jours. Si nous les regardons au microscope, ces cristaux ont un peu la forme des cristaux de neige.
06 juin, de retour sur Eldorado, il faut que je démonte mon échangeur. A partir de 2200 tours par minutes, je m'étais aperçu qu'à la sortie du pot de la vapeur sortait. D'après les conseils de professionnels Volvo il faut vérifier l'échangeur tous les ans, je ne l'avais jamais fait depuis que j'ai le bateau soit 9 ans. Un peu anxieux mais pas non plus trop inquiet, avec mes bases de mécanique industrielle je commence l'opération. Tout d'abord vidanger le réservoir de liquide de refroidissement puis on enlève la durite qui mène ce liquide vers l'échangeur.





Le bouchon de remplissage de l'échangeur enlevé, je vide par aspiration le maximum de liquide de refroidissement.
Les choses sérieuses commencent, j'enlève la durite d'où rentre l'eau de mer qui permet de refroidir le liquide de refroidissement. Sur une voiture, le liquide est refroidi par le radiateur est le ventilateur qui se trouve devant. Un moteur marin est quand à lui refroidi par l'eau de mer qui est aspirée sous le bateau grâce à une pompe.
Ici, le démontage de la durite de sortie de l'eau de mer. Evidemment je n'ai pas utilisé le tournevis pour le faire, je m'en suis servi pour la faire voir. Cette durite est coudée du côté droit et l'eau de mer est déversée dans le coude d'échappement qui est en deux partie à l'intérieur qui va l'évacuer avec les gaz brûlés hors du bateau via le pot d'échappement.

La partie qui me faisait le plus peur, enlever l'échangeur de son logement.. On m'avait dit que si jamais il était encrassé (par le sel) j'aurai beaucoup de misère à l'enlever. La chance est avec moi, aucun dépôt de sel n'est présent, je l'extrait de son logement sans difficultés.




Après un simple passage sous l'eau douce et à la lavette, il a une couleur un peu différente que celle qu'i avait lors de sa sortie.
Retour à l'appartement de chez Claudine car je n'avait pas de tige pour désobstruer les trous d'où passe l'eau de mer. à l'extérieur des tubes, c'est le liquide de refroidissement qui passe.
Petite info technique, un porte-manteau en aluminium comme j'ai utilisé fait l'affaire.

De retour au bateau, je vérifie la cuve de l'échangeur. elle est propre, on voit dans sur le fond le liquide de refroidissement bien vert qui part dans les parois du moteur pour le refroidir.



Tout est remonté, l'échangeur est replacé. Les durites pour l'eau de mer remisent, je refais le niveau de liquide de refroidissement.


Le bouchon remis ainsi que les durites, je termine l'opération en remplissant le réservoir de liquide de refroidissement.






08 juin, tiens en passant j'aperçois le Ketch "Notre Dame des Flots" venu faire escale dans le bassin du commerce, sont histoire :
il a été construit en 1942 à Gravelines sur le plan d'un harenguier de 1910 du chantier Delpierre-Agneray à Grand-Fort-Philippe.

Caractéristiques techniques :
Longueur : 28,50 m
Longueur de coque : 20,40 m
Maître-bau : 5,80 m
Tirant d'eau : 2,90 m
Déplacement : 80 tonnes
Voilure : 320 m2 (8 voiles)
Propulsion : DK 4 Baudouin (100 ch)
Le Notre Dame des Flots a d'abord pratiqué la pêche au chalut et au filet dérivant en mer du Nord jusqu'en 1974.
Il a été désarmé et abandonné au cimetière à bateaux du port de Dunkerque. Mais en 1976, il est renfloué et restauré durant sept ans par un groupe de passionnés.

Après plusieurs traversée transocéaniques, plusieurs tours du monde, navigations au pôle nord et Québec, il est désormais monument historique. Il appartient à l'association "c'est pas la mer à boire" en tant que voilier charter et son port d'attache se trouve à La Rochelle.

17 juin, et si on essayait le spi ?
C'est parti pour une petite virée en direction du port ouest de Dunkerque en longeant la digue du break. Un vent parfait de 5 à 8 nœuds nous fait pressentir que nous allons pouvoir envoyer le nouveau mais aussi le premier spinnaker asymétrique de Eldorado. Pour ma part, c'est aussi la première fois que je vais utiliser un spi. C'est parti comme d'habitude en prenant la darse 1. 


Claudine, toujours à la barre pour la sortie du port est en pleine forme.






Tout est OK, sous pilote nous longeons la digue du break. Le vent étant orienté ouest, nous tirons des bords assez long donc pas plus de trois avant de faire demi-tour.





Comme d'habitude, le trafic est présent à la sortie du port.

Dernier virement de bord, on se dirige maintenant vers l'entrée du port est, mais par le large afin d'avoir un bon angle pour envoyer le spi facilement avec l'aide bien sûr de Claudine. Non non, elle n'a pas seulement tiré les photos, son aide a été très précieuse, merci à toi. Sans toi je ne sais pas comment j'aurai géré ce premier envoi. Maintenant j'explique, sur la photo, la chaussette est déjà positionnée en tête de mat. Je suis en train de longer le pont avec l'écoute tribord du spi que j'ai auparavant passé dans la poulie de renvoi à l'arrière du bateau. Arrivé à l'avant, je la fixerait en faisant un nœud de chaise, comme je l'ai fait avec l'écoute babord.




Dernière vérifications pour être sûr de n'avoir rien oublié avant d'envoyer le spi ?



C'est parti, la chaussette remonte sans effort particulier. C'est vraiment facile, vraiment comme il le disait sur les vidéos que j'ai regardé.



Et voilà, il est magnifique. Il est taillé à la bonne dimension soit 83 mètres carrés. La couleur choisi par Claudine est conforme à ce qu'elle avait vu sur les modèles de photo que nous avions regardés sur le site du fabricant.
Nous ne battons pas des records de vitesse avec le spi, le vent n'est qu'à 5 nœuds mais est idéal pour nous pour ce premier essai. 
Arrivé devant l'entrée du port, j'attrape très chaud et commence à transpirer. Le spi se dégonfle complètement, le vent est tombé à zéro. Pas d'autre moyen d'avancer que de relancer le moteur afin de regagner le port pour rentrer. Comme je le disais concernant le trafic, j'aperçois un cargo qui arrive vers nous pour faire son entrée. Ayant une bonne marge de manœuvre, je rentre avant lui dans le chenal d'entrée.


Ayant reçu l'ordre par radio, je dois attendre. Le cargo va faire la sassée en même temps que nous. Du coup nous patientons dans le chenal en attendant qu'il ai terminé sa manœuvre d'entrée dans l'écluse.
Mais nous avons la chance de pouvoir sortir les premiers, Claudine immortalise ce très beau cargo pendant que je quitte l'écluse.
Voilà, l'essai du spi a été très concluant. J'ai vu par la même occasion comment je devrais manœuvrer lorsque je partirai seul vers Audierne pour notre première participation à la route de l'amitié qui réunira 180 voiliers dont la moitié sera composé de vieux gréements.
Vous risquez de vous tromper en regardant la photo ci-dessous. Ce n'est pas le carnaval hawaïen mais simplement ma remise de médaille pour quarante années de travail qui était organisé le 23 juin.
Le thème de la soirée était "soirée disco" alors j'ai voulu la faire cool.


Il ne me restait plus que cette dernière pour avoir la panoplie complète, de gauche à droite :
Argent : 20 ans - Vermeil : 30 ans - Or : 35 ans - Grand or : 40 ans de travail
Je suis fier de ma carrière, je me souvient qu'un prof de lycée à l'époque m'avait dit en fin d'année que je n'arriverai à rien. Rentré dans la vie active à 16 ans, j'ai eue mes 40 années à 56 ans. Aujourd'hui, avec presque 41 ans de travail et une carrière bien remplie en gravant les échelons, je n'ai plus rien à prouver. Maintenant, je n'ai plus qu'à couler ou plutôt qu'à naviguer des jours heureux.




25 juin, nous partons voir un des derniers monuments sortis de terre sur Dunkerque.
Il s'agit d'un nouveau calvaire qui veut rendre hommage aux marins, soldats, disparus en mer, ouvriers du port, morts de l'amiante. Il sera inauguré le 15 août 2017 par le diocèse de Lille. Il n'est pas encore tout à fait terminé mais il sera fin prêt et j'en suis sûr magnifique.
Pour nos amis marins qui entrerons dans le port, il se trouve sur babord dans le chenal juste après les portes du sas automatique du canal exutoire.
29 juin, je devais réparer mon feu de hune mais aussi de pont car ils ne marchaient plus. Après constatation, c'était le câble de masse qui était coupé juste à la base de la sortie du mat. La réparation a été faite et tout fonctionne. Merci au fils à Etienne qui est monté pour réparer.
Dans l'après midi, il fallait également replacer le cache sous le feu de pont du bateau Tysam. Là c'est moi qui est sur la photo, c'est aussi mes deux premières ascensions au mat.



Sur la photo de gauche je replace le capot de protection sous le feu de pont.

Sur la photo de droite flèche à gauche, j'ai déjà placé une garcette (petite cordelette) pour les drapeaux soit de club ou de région.
La flèche de droite indique l'endroit où je vais passer une garcette pour installer les drapeaux de courtoisie.

Et voilà, ainsi s'achève le mois de juin. Décidément le temps passe très vite, le mois prochain est prévu la traversée vers Audierne, en Bretagne sud. Départ prévu à la mi-juillet. A bientôt...